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Mardi 13 janvier 2009
Stabat Mater RV 621 de Vivaldi
Pour ce court article, nous écouterons de nouveau une œuvre baroque sacrée, composée par Antonio Vivaldi (1678 - 1741) puisqu’il s’agira de son Stabat Mater. Tout comme le Stabat Mater de Pergolèse, celui de Vivaldi, écrit en 1712, fait partie des œuvres célèbres composées sur ce texte ; de dimensions plus réduites, il ne fait cependant intervenir qu’un seul soliste (contralto) accompagné par l’orchestre, et n’utilise que dix des vingts versets que comporte le texte original du moine Jacopone da Todi. Rappelons que ce texte raconte la douleur de Marie au pied de la croix où expire le Christ (plus de détails sur la page de Stabat Mater de Pergolèse). Cette œuvre est de nos jours l’une des compositions les plus connues de Vivaldi, en tout cas en musique sacrée. Anecodte : il s’agit pour une fois d’une commande pour une ville autre que Venise, puisque destinée à l’ordre des Philippines de Brescia en Lombardie.
Au niveau musical, chacun des mouvements du Stabat Mater est lent, dérangeant la courante alternance tempos vifs / tempos lents que Vivaldi a l’habitude de suivre, mais l’ensemble dure seulement une vingtaine de minutes. Il a réussi à y retranscrire la gravité du texte ainsi qu’une atmosphère de recueillement, et on perçoit dès les premières notes du Stabat Mater dolorosa un sentiment d’affliction ou incitant à la méditation. Notons cependant que l’œuvre s’achève sur une lumière finale inattendue grâce à la tierce picarde sur l’accord de fa majeur, alors que l’œuvre est intégralement en fa mineur (effet qui s’entend très facilement, au delà du solfège).
Au cours de l’écoute, on constatera en particulier que dans la construction de l’œuvre, les mouvements 4, 5 et 6 reprennent exactement la musique des mouvements 1, 2 et 3 :
1 | Stabat Mater dolorosa |
2 | Cujus animam |
3 | O quam tristis |
4 | Quis est homo |
5 | Quis non posset |
6 | Pro peccatis |
7 | Eja mater |
8 | Fac ut ardeat |
9 | Amen |
Attention, il manque le mouvement “Quis est homo” dans la version proposée en écoute ci-dessous … Comme évoqué plus haut, seules les paroles le font différer du mouvement Stabat Mater dolorosa.
Jeudi 8 janvier 2009
Stabat Mater de Pergolèse
Nous reviendrons aujourd’hui à la musique sacrée baroque pour présenter l’une de ses oeuvres majeures, le Stabat Mater de Giovanni Battista Pergolesi (1710 - 1736), Pergolèse en français.
Pergolèse n’aura vécu que 26 ans mais aura laissé de très belles musiques à la période baroque : se démarquant dès sa jeunesse par ses dons en musique, il poursuit des études dans un conservatoire catholique à Naples.Il écrit très rapidement des opéras, des intermèdes (courtes pièces jouées durant les entractes d’opéras, parmi lesquelles “La Serva Padrona” (la Servante Maîtresse), et bien entendu de la musique religieuse. Dans ce dernier registre sont particulièrement connues de nos jours son Salve Regina et son Stabat Mater, qu’il composa peu de temps avant de mourir en 1736 de la tuberculose, déjà retiré pour se reposer dans un monastère. La légende voudrait qu’il soit décédé avant d’en terminer l’écriture - comme le mythe entourant le Requiem de Mozart, dont la véracité est attestée -, mais les études historiques prouveraient le contraire.
De nombreux compositeurs ont écrit des oeuvres sur le texte du Stabat Mater, à toutes les époques ; parmi les plus célèbres : Palestrina (renaissance), Vivaldi et Pergolèse (baroque), Haydn (classicisme viennois), Rossini, Schubert et Dvořák (romantisme), Poulenc (moderne). Il s’agit d’une séquence, c’est-à-dire une pièce musicale de la liturgie catholique romaine, qui relate les souffrances de Marie lors de la crucifixion de son fils Jésus Christ. Le texte latin proviendrait du moine franciscain Jacopone da Todi, et daterait donc du 13ème siècle.
Le Stabat Mater de Pergolèse est cependant considéré comme l’un des plus beaux Stabat Mater, et constitue l’une des oeuvres les plus poignantes de la musique baroque ; écrit simplement pour deux voix (en général alto et soprano, haute-contre et soprano), basse continue et cordes, il comporte 12 séquences alternant solos et duos. Chaque mouvement a son caractère et sa mélodie propre, au contraire de nombreuses oeuvres dans lesquelles les mouvements sont très liés ; on remarquera en particulier la beauté grave du premier mouvement Stabat mater dolorosa.
Afin de mieux percevoir les sentiments restitués par Pergolèse, voici ci-dessous le texte latin original ainsi que la traduction ; à noter que le texte diffère légèrement des Stabat Mater composés à d’autres époques, et que d’autre part la découpe des mouvements est entièrement laissée au choix du compositeur (ex. celui de Haydn comporte 14 mouvements distincts, contre 10 pour celui de Dvořák).
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